
#GuillaumeRio
Ma passion de la photo a débuté il y a 15 ans maintenant, de façon imprévisible, au fil de voyages en compagnie de ma meilleure amie. Lorsque j'étais saisi par une image, je lui empruntais son appareil… voire me l’accaparais ! Trouvant mon œil aiguisé (et voulant être moins dérangée), elle m’a offert mon premier appareil pour mes 30 ans. Depuis, l'appareil a changé mais ne me quitte plus dans mes pérégrinations urbaines. Cette passion s'est ajoutée, mêlée en fait, à celle que je porte à la littérature, en particulier aux auteurs russes (Dostoievski…), contemporains (Jauffret…) et à la science-fiction.
Ces différents univers et réflexions ont nourri mon imaginaire, et la photo est naturellement devenue mon mode d'expression. Le design, l’architecture par leurs formes, leurs vides, leurs couleurs, m’interpellent ! C’est tout l’univers urbain contemporain, souvent triste, angoissant (sentiment houelbecquien de ces gens seuls au milieu du grand), mais aussi les empreintes de la technologie (design, buildings), ces moments de ‘fun’ (formes, couleurs) et enfin ce vertige (escaliers, hauteurs) qui nourrissent mon inspiration ! C’est par exemple ce fameux spleen houelbecquien qui m’a inspiré la série AloneS# ou la genèse est l’apparition de l’idée que le bonheur et le développement de la société de consommation ont fait émerger un sentiment de frustration sans fin. La libéralisation des mœurs, l’urbanisation ont fini de tout dissoudre, laissant l’homme seul face à lui-même. Explorer la matrice urbaine, apprécier la couleur, le graphisme, les formes, les symétries, les atmosphères… puis visualiser, retranscrire ces perceptions. Tel est mon leitmotiv !
Observer, regarder de toutes parts, modifier sans cesse mon allure, me plier en quatre, m’allonger, sentir mon rythme cardiaque s’emballer en découvrant une pépite et m’imprégner de la ville, tel est mon état de transe photographique ! Ce vertige m’intrigue et je suis en perpétuelle recherche de cet étourdissement.
Le nom de Vertigooo n’est pas un hasard… Souvent, j'utilise le format très grand-angle pour mes photos. Deux de mes séries intitulées VertigO et EnteR ThE Void traitent justement de ce vertige que peut déclencher la Ville. Pour accentuer ce sentiment de flottement, d'aspiration, et restituer les dimensions de ces lieux, j’ai privilégié le 8mm. Enfin, au delà du vertige procuré, c’est aussi une histoire de formes, de couleurs, de courbes et d’angles ! Chacune de ces photos veut impacter et déployer sa puissance.